Alors que la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale a été adoptée à l’Assemblée, le projet du gouvernement Lecornu ne trompe personne : il fait payer les plus modestes et les plus vulnérables.
Ce budget, surnommé dès sa présentation “le musée des horreurs”, en dit long sur la conception que le gouvernement se fait de la santé, du soin et de notre modèle social.
La première version du projet prévoyait de geler les pensions de retraites et prestations aides sociales comme le RSA, les APL, l’allocation adulte handicapé ou encore les allocations familiales qui sont normalement indexés sur l’inflation.
Autrement dit : de couper dans les revenus des plus fragiles pendant une période économique compliquée. Devant la contestation, Sébastien Lecornu a finalement renoncé à cette mesure.
Autre proposition : la réduction de la durée d’indemnisation pour les personnes atteintes d’une affection longue durée non exonérante, comme l’arthrose, la dépression, l’épilepsie ou le glaucome. Ces indemnités journalières ne seraient plus versées que pendant un an contre trois aujourd’hui.
Le gouvernement envisage aussi de doubler les franchises médicales et les participations forfaitaires, c’est-à-dire les sommes que les patients paient de leur poche sur chaque boîte de médicament ou chaque acte de soin.
Officiellement, il s’agirait de “responsabiliser” les assurés. Mais dans les faits, cela reviendrait à faire payer davantage les malades.
Dans le même esprit, un plafond pour les transports médicaux serait instauré, alors que ces trajets sont souvent essentiels pour permettre à des patients de se rendre à des examens ou de rentrer chez eux après une hospitalisation.
L’une des mesures les plus contestées a été adoptée ce dimanche : la limitation de la durée des arrêts de travail. Le gouvernement souhaitait les restreindre à quinze jours pour les arrêts délivrés en médecine de ville et à trente jours à l’hôpital, avec possibilité de reconduction par un médecin.
Ces choix interviennent dans un contexte déjà alarmant. Un Français sur trois vit dans un désert médical, sept millions de personnes n’ont pas de médecin traitant et, en dix ans, 40 000 lits ont été supprimés dans les hôpitaux. Voilà l’état actuel de notre système de santé.
Encore une fois, les efforts sont demandés à ceux qui ont le moins. Rien n’est exigé des grandes entreprises ni des plus aisés. Le gouvernement préfère baisser les prestations sociales et accroître la dette de la Sécurité sociale plutôt que de faire davantage contribuer les multinationales et les plus riches à notre modèle social.
Enfin, la prévention demeure la grande oubliée de ce budget et je le déplore très fortement. Elle devrait pourtant être au cœur des politiques publiques, qu’il s’agisse de la lutte contre les maladies professionnelles, de l’éducation à la santé dès le plus jeune âge ou de la promotion du sport et des modes de vie sains.
La prévention, c’est le meilleur investissement pour un système de santé plus pérenne et équitable.