Le budget 2026, ce n’est pas qu’une bataille de chiffres. C’est le moment où l’on décide du modèle de société que l’on veut pour demain. Qui aidons-nous ? Qui taxons-nous ? A qui demandons-nous des efforts ?
Chaque ligne du budget raconte une vision : solidarité ou austérité, justice sociale ou privilèges fiscaux, services publics renforcés ou désengagement de l’Etat,…
On voudrait nous faire croire qu’il y aurait d’un côté les « réalistes » et de l’autre les « utopistes ». En réalité, il n’y a pas de neutralité dans un budget, pas de “vérité économique” : seulement des choix et des orientations.
Et ces choix disent tout de la France que nous voulons bâtir.
Depuis huit ans, la macronie défend la même vision économique : baisser les cotisations sociales des entreprises pour stimuler l’emploi et les salaires. Ce choix, présenté comme une stratégie de “ruissellement”, a un coût colossal pour notre modèle social.
C’est 80 milliards d’euros de cotisations sociales en moins et 211 milliards d’aides publiques versées aux entreprises, souvent sans aucune condition. Ce dernier montant représente à lui seul l’équivalent du budget de l’Assurance maladie.
Et devant ce manque de recettes, le gouvernement compense ailleurs : en réduisant les APL, en baissant le budget des collectivités territoriales, en augmentant les franchises médicales, en ne revalorisant pas sur l’inflation les retraites,…
Autrement dit, un impôt indirect sur les plus précaires pour préserver les plus hauts revenus.
Le résultat est clair : les étudiants, les malades, les ménages modestes continuent de payer le prix fort, pendant que les grandes entreprises et les plus riches sont épargnés.
Du côté de l’extrême droite, ce n’est pas mieux. Leur contre-budget 2026, présenté la semaine dernière, s’inscrit lui aussi dans une logique d’austérité, avec 36 milliards de coupes supplémentaires par rapport au budget du gouvernement.
Le RN se présente comme “anti-Macron”, mais reprend sa politique de l’offre, au service des patrons, des plus riches tandis que les immigrés deviennent les boucs émissaires.
Le RN prétend défendre le pouvoir d’achat, mais sa solution est la même que celle de la macronie : baisser les cotisations sociales. Derrière cette promesse, c’est une baisse massive de ressources pour l’hôpital, l’assurance chômage et les retraites : autrement dit, moins de moyens pour le service public et la protection sociale.
Le RN s’est opposé à la taxe Zucman (une taxe de de 2% par an sur le patrimoine des ultra-riches) alors que 86 % des Français, et même 75 % de leurs propres sympathisants la réclament. Celle-ci pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards d’euros.
Les collectivités locales seraient aussi frappées, avec 5 milliards de moins sur la dotation globale de fonctionnement. Le RN veut aussi supprimer MaPrimeRénov’, qui aide les ménages à isoler leur logement, pour la remplacer par un simple prêt à taux zéro, économisant 3,4 milliards d’euros au détriment des foyers les plus modestes.
Selon l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Économiques), ce budget plongerait l’économie en récession dès 2026.
Derrière les slogans, même logique qu’à Bercy : l’austérité pour les plus fragiles, la complaisance pour les puissants et un aveuglement total sur la crise écologique.