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Réformer notre modèle d’élevage pour prévenir les crises sanitaires

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Le gouvernement a décidé de suspendre toutes les exportations de bovins pendant 15 jours pour limiter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse. Cette réaction brutale et peu efficace montre l’absence d’une stratégie globale de gestion des épizooties.

Dans les zones réglementées, la gestion de la maladie devrait reposer sur quatre principes :

1/ La mise en place de campagnes de vaccination ;

2/ L’euthanasie des animaux malades dans un souci de bien-être animal ;

3/ L’interdiction temporaire des mouvements de bovins et d’équidés jusqu’à ce que l’immunité vaccinale soit effective ;

4/ L’exonération fiscale de l’indemnisation versée par l’Etat aux éleveurs contraints d’abattre leur troupeau suite à une épizootie (j’ai cosigné cet amendement dans le budget 2026).

Au niveau européen, il faut que la France agisse. Nous demandons un changement de classification de la maladie, afin qu’elle soit mieux adaptée à sa réalité clinique et à sa présence sur le territoire. Il est tout aussi nécessaire de rendre plus lisible les réglementations qui s’empilent.

Enfin, il est essentiel de mettre en place un accompagnement psychologique pour les éleveurs et leurs familles, durement touchés par ces crises sanitaires répétées.

Avec le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, les maladies animales se multiplient et deviennent plus virulentes. Il est donc urgent de passer d’une logique de “gestion de crise” à une “gestion et prévention des risques”, pour garantir la stabilité des élevages et la sécurité économique des éleveurs.

La spécialisation extrême de l’élevage français en différentes étapes : reproduction, naissance, élevage et engraissement, fragilise tout le système. Le fait que la majorité des bovins soient engraissés à l’étranger, notamment en Italie, multiplie les transports, donc les risques de contagion.

Cette organisation vise davantage à préserver le “statut indemne” de la France (statut accordé tous les ans par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale à ses pays membres) qu’à protéger les animaux et les éleveurs.

Plutôt que de traiter uniquement les conséquences, il est indispensable de réformer en profondeur le modèle d’élevage français. Cette transformation doit viser à relocaliser et diversifier les ateliers d’élevage afin de limiter les transports d’animaux et, par conséquent, les risques de contagion.

Elle doit également renforcer la souveraineté alimentaire et la résilience économique des filières, aujourd’hui trop dépendantes des échanges avec d’autres pays.

Enfin, cette réforme ne pourra réussir sans un appui fort aux politiques de préservation de la biodiversité menées par l’OFB, véritable bouclier sanitaire contre l’émergence des épizooties et des zoonoses.

Une véritable stratégie sanitaire ne peut réussir qu’en concertation avec les éleveurs et sur la base de données scientifiques partagées.

Cette évolution est la clé pour garantir la pérennité des fermes, la santé des troupeaux et l’équilibre des écosystèmes.

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