Alors que nous allons étudier le budget de la Sécurité sociale, nous célébrions la semaine dernière les 80 ans de cette conquête sociale majeure qui protège chaque jour des millions de françaises et de français.
En pleine seconde guerre mondiale, le Conseil national de la Résistance imagine un programme pour la France libérée. Au cœur de ce projet : un plan complet de Sécurité sociale pour garantir à chacun des moyens d’existence quand il ne peut plus travailler.
Quelques mois après la Libération, les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 rendent ce rêve concret. La Sécu devient un droit pour toutes et tous : un filet de sécurité en cas de maladie, de vieillesse, de maternité ou d’accident.
Ouvrier devenu ministre, Ambroise Croizat n’aura besoin que de 15 mois pour transformer la France. Aux côtés de Pierre Laroque, il fonde la Sécu, lance la médecine du travail, met en place les comités d’entreprise, et met fin à l’inégalité salariale légale entre femmes et hommes.
Depuis ses origines, la Sécurité sociale repose sur un principe fort : ce sont les représentants des salariés et des employeurs qui la gèrent ensemble, dans un cadre paritaire.
Un choix politique audacieux, fidèle à l’esprit du Conseil national de la Résistance : confier à celles et ceux qui cotisent la responsabilité de piloter un bien commun.
Ce socle de solidarité, pourtant essentiel, est aujourd’hui menacé.
Depuis sa création et alors qu’elle est un exemple dans le monde entier, la Sécurité sociale fait face à de nombreuses attaques et se fragilise année après année.
Le prochain budget de Sébastien Lecornu continue de détricoter les droits : gel des pensions de retraite et des prestations sociales, limitation de la durée des arrêts de travail et des recours aux ruptures conventionnelles, hausse des des plafonds des franchises médicales,…
Après 8 ans de macronie, ce sont 60 milliards d’euros de recettes dont la Sécurité sociale est privée chaque année à cause des exonérations de cotisations, alors même qu’on agite le déficit de 16 milliards comme une menace.
Une Sécu forte c’est : renforcer les moyens des hôpitaux, former plus de soignants, lutter contre les déserts médicaux, préserver l’accès aux plus précaires, une véritable politique de prévention, une maîtrise des profits du privé lucratif et la mise en place d’une cotisation pour chaque robot qui remplace un emploi.
Ce que d’autres ont construit en 1945, à nous de le préserver et de le faire vivre pour les générations futures.
Pour qu’elle continue de protéger vraiment tous et toutes à la hauteur des besoins.